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La légèreté insoutenable de l’atome

Malgré la récente visite à Téhéran du directeur général de l’A.I.E.A., Rafael Grossi, les autorités iraniennes se préparent à une limitation importante des inspections de leurs centrales nucléaires. Et cette décision intervient à un moment où le gouvernement iranien assure que son programme nucléaire reste pacifique.

Pour démontrer sa bonne volonté, Téhéran envisage, après l’entrée en vigueur des restrictions, des “réunions informelles” avec les États-Unis sous les bons auspices de l’Union européenne.

L’assurance qu’il n’y a pas lieu de craindre l’énergie nucléaire iranienne est venue de Mohammad Javad Zarif, ministre des affaires étrangères et grand marionnettiste de ces accords, tant souhaités par l’ancien président Barak Hussein Obama. Des accords qui ont été dépoussiérés et remis à la mode après que Joe Biden, qui était vice-président au moment de leur signature, soit entré à la Maison Blanche.

C’est en effet Mohammad Javad Zarif qui a accueilli le directeur général de l’A.I.E.A. qui s’est envolé pour Téhéran à la recherche d’une solution permettant d’éviter d’autres problèmes plus graves.

L’ambassadeur iranien auprès des agences des Nations unies à Vienne, Kazim Gharimbabadi, a décrit les pourparlers entre Grossi et Zarif comme des “pourparlers productifs basés sur le respect mutuel”, et a précisé que le contenu ne sera connu qu’après le retour d’Iran du réalisateur Grossi.

Il convient de noter que les réunions à Téhéran ont également été suivies par Ali Akbar Salehi, directeur de l’Agence de l’énergie atomique locale.

Téhéran menace de nouvelles avancées dans son programme nucléaire le jour de l’expiration de l’ultimatum, et exige la levée des sanctions. Ce comportement politiquement dyslexique met en évidence d’autres incohérences plus importantes qui, en plus de créer une profonde confusion, intensifient la couverture de fumée et de complicité, y compris internationale, qui a toujours couvert ce programme nucléaire.

Il est clair pour tous les hommes de bonne volonté que du programme nucléaire iranien, le qualificatif “pacifique” n’est seulement qu’un mot. Pour le reste, le fait qu’il s’agisse d’un programme de grande importance militaire dont le but est la recherche d’armes atomiques a été démontré à de nombreuses reprises.

C’est un fait qu’une grande partie de ce programme est cachée aux yeux du monde et que les accords de Genève n’ont pas ralenti les études et la recherche nucléaires, ne serait-ce qu’une minute. Pas plus tard que vendredi dernier, les inspecteurs de l’A.I.E.A. ont en effet trouvé des traces d’uranium dans des sites qui, officiellement du moins, étaient fermés depuis 20 ans.

D’où peut-être la décision de suspendre les permis pour les inspections, étant donné que le nettoyage des sites suspects n’a pas été bien exécuté.

Avec Biden à la Maison Blanche, la carotte et le bâton sont passés entre les mains des ayatollahs qui, bien que continuant à menacer : « le bâton », tentent de relancer le dialogue, la « carotte », sur le retour possible des États-Unis de Joe Biden à l’accord nucléaire de 2015, avec pour conséquence l’arrêt de l’embargo et, peut-être même, quelques financements à fonds perdu (non remboursables).

La cerise sur le gâteau, dans ce qui depuis des années ressemble de plus en plus à un jeu de l’oie avec un pas en avant et deux pas en arrière, a été la déclaration de Zarif : « L’agence des Nations unies (A.I.E.A.) pourra continuer à remplir sa mission qui est de montrer que le programme nucléaire iranien reste pacifique et que la coopération ne sera pas interrompue même si l’enrichissement de l’uranium ne s’arrête pas tant que les sanctions ne seront pas levées. »

Par conséquent, selon le porte-parole du ministère iranien des affaires étrangères, Abbas Araghchi, non seulement les inspections seront réduites dans les prochains mois de 20 à 30 %, mais elles viseront spécifiquement les visites nocturnes des installations où des activités nucléaires suspectes ont lieu, y compris les sites militaires, et enfin, les enregistrements des caméras de surveillance ne pourront plus être transmis.

Même si les avertissements de M. Biden au G7 sur les possibles réponses américaines aux activités déstabilisatrices de l’Iran semblent aux yeux des observateurs être des armes émoussées, la crainte est que la pause ait été annoncée, et peut-être convenue, afin que le dialogue puisse reprendre sans trop de critiques de la part de ceux, Israël in primis, qui voient dans ce programme une épée de Damoclès à neutraliser au plus vite.

La République islamique, en effet, s’est ouverte à une “réunion informelle” proposée, ou peut-être suggérée et programmée par l’Union européenne, qui amènerait, sans trop de contrecoup et pour la première fois depuis le retrait unilatéral de l’accord nucléaire décidé par le président Donald Trump en 2018, Téhéran et Washington à la même table.

Celui qui a probablement manœuvré dans les coulisses de cette réunion historique est Josep Borrell, le chef de la politique étrangère de l’UE, qui, s’adressant aux journalistes, a déclaré : “Sur la proposition, nous consultons nos partenaires, y compris la Russie et la Chine. Il a été rejoint par Araghchi de Téhéran, qui a souligné la hâte de Téhéran à conclure un nouvel accord.

D’autant plus qu’en Iran, les élections présidentielles auront lieu en juin.

Comme d’habitude, quand on touche au programme nucléaire iranien, on entre dans un labyrinthe avec de nombreuses entrées et aucune sortie et, comme un nœud gordien, chaque fois qu’une partie est dénouée, une autre est tissée.

Ce qui n’est pas bon pour l’avenir car pendant que les médiateurs patients cherchent des solutions, le temps passe et le point de non-retour approche, et aussi parce que l’histoire nous apprend ce qu’était la fin du Minotaure à l’intérieur du labyrinthe et aussi comment le nœud gordien a été ouvert.

Michael Sfaradi
Michael Sfaradi est un écrivain voué au journalisme : trois de ses romans ont remporté des prix littéraires. (Prix d'auteur Accademia Letteraria Res Aulica Bologna 2016 et 2018 - Premio Vittoriano Esposito città di Celano 2017). Seul journaliste italophone de l'Association des journalistes de Tel-Aviv, il a une grande expérience de la politique au Moyen-Orient (avec des milliers d'articles publiés en Italie dans la presse nationale), de l'analyse militaire et du reportage de guerre (opération "‘piombo fuso" dans Opinione et "Margine Protettivo" dans LIBERO). Son dernier roman "Mossad. Una notte a Teheran", est publié par La Nave di Teseo.
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