
RÉSUMÉ
La fascination exercée par un produit intellectuel aussi complexe et raffiné que le syllogisme aristotélicien a alimenté, depuis l’Antiquité, la question de sa genèse. Dans le débat contemporain sur le sujet, qui s’est développé entre la fin du XIXe siècle et le milieu du XXe siècle, la thèse dominante est qu’Aristote a développé une syllogistique à partir d’une comparaison avec la διαίρεσις platonique, ou division dichotomique (« διαίρεσις-théorie »). Dans le cadre de la présente étude, nous prenons position au sein de la discussion et, face à l’insoutenabilité des nombreux arguments en faveur de la « διαίρεσις-théorie », mais aussi à la cohérence des objections qui peuvent être soulevées, nous retenons et présentons l’hypothèse de faible notoriété, avancée dans les années 1920 par le philologue américain Paul Shorey, selon laquelle l’antécédent du schéma inférentiel du Stagirite est la méthode des Idées décrite par Platon dans le Fedon. Nous proposons ainsi d’offrir une contribution pour que la question intéressante de l’origine du syllogisme aristotélicien, substantiellement tombée dans l’oubli, soit remise à l’attention de la recherche actuelle.
Mots-clés : syllogisme, διαίρεσις, Idée, αἰτία, relation partie-entier, intention-extension, cause, explication, participation.