Résumé :
Onoda constitue l’archétype, historiquement inversé, du soldat parfait : pendant une trentaine d’années, dont une grande partie en solitaire, il a “tenu la ligne” de manière inflexible, alors que, à son insu, la Seconde Guerre mondiale était depuis longtemps terminée. A travers la comparaison avec M. Stevens, le protagoniste du film “Ce qui reste du jour” (J. Ivory, 1993), nous essaierons d’identifier les traits fondamentaux de cet homme extraordinaire : sens de la hiérarchie, loyauté absolue, impersonnalité active, qui renvoient à une éthique et à une Weltanschauung « conception du monde » immémoriale, ancienne et toujours présente.
Une soumission tendanciellement inflexible à son seigneur/supérieur, typiquement japonais, est assez “excentrique” selon l’ethos de l’Occident ; en d’autres termes, dans les pays du soleil levant, l’obéissance au commandement a généralement été considérée, chez ceux qui doivent l’exercer, comme ayant une teneur éthique. L’ordre n’est pas, en soi, absolu : si d’une part une telle “limite” caractérise au sens moral, précisément, l’action humaine, d’autre part, cela risque d’ouvrir une brèche à la possibilité d’un arbitraire “libéral”.
MOTS CLÉS :
hiérarchie, loyauté, impersonnalité active, Onoda, M. Stevens, Seconde Guerre mondiale, grande guerre sainte