Home Littérature Critiques de livres « La sagesse antique » de Annie Besant

« La sagesse antique » de Annie Besant

0
« La sagesse antique » de Annie Besant

Ancient Wisdom by Annie BesantNous souhaitons proposer aux lecteurs, et pas seulement à ceux qui ont déjà l’habitude d’approfondir leur compréhension des thèmes spirituels, un texte non récent et publié pour la première fois en 1905 par les Publications Théosophiques, 10 rue Saint-Lazare Paris, signé par le célèbre écrivain de l’époque Annie Besant et intitulé La sagesse antique ( en italien Sapienza Antica ; publié plus tard en Italie par Adyar Edizioni, Turin, 1998.)

L’auteur y traite d’un sujet inhabituel : « théosophique », en grec, ou « sagesse antique » dans les temps modernes. Cette doctrine est communément définie comme « ésotérisme » ou « philosophie ésotérique », comme si l’on voulait en souligner le contenu « transcendantal », mais oublier, peut-être par ignorance et parfois de mauvaise foi, que les mêmes philosophes grecs tels que Pythagore, Platon, Socrate ou Plotin, Xénophane et Parménide, en parlaient déjà abondamment dans leurs œuvres, considérée à juste titre par la « sagesse conventionnelle » temporaire comme les fondements de la pensée philosophique et scientifique de l’Occident contemporain.

Mais de quoi s’agit-il ?

Et que faut-il entendre par « théosophie » ?

En fait, l’auteur veut proposer une représentation sage de l’Univers, de telle sorte qu’il apparaisse comme un « modèle » (une création) régi par des principes généraux et des vérités éternelles, qui constituent son fondement selon une conception logique précise.

Bien sûr, à la base de la notion même de création, il y a celle d’un Dieu Unique et Ineffable, et non manifesté, si ce n’est par son apparence matérielle, et pour le dire en langage platonique : « … l’Unique au-delà de l’Unique… ». Dieu manifesté et non manifesté comme une unité inséparable, au point de le faire devenir « Un et une Trinité » dans la conception chrétienne et pas seulement, puisque ce concept se retrouve dans toutes les grandes religions monothéistes du monde.

C’est ainsi qu’Annie Besant veut s’opposer aux idées très prééminentes des Docteurs de la Mythologie Comparée, selon lesquelles les religions sont une représentation de l’ignorance humaine, le résultat de l’imagination des peuples qui a réussi à transformer les formes cruelles de l’animisme et du fétichisme au cours des millénaires, le résultat d’une observation imparfaite et imaginaire des phénomènes naturels et universels. De cette façon, les mythes deviendraient des bibles et des symboles fabriqués. Un exemple serait le culte du soleil et des étoiles ainsi que le culte phallique.

L’auteur s’oppose à une telle conception, définie simplement comme ignorante, une vision propre des choses et des faits qui semble mériter d’être soutenue, d’autant plus si l’on se souvient de la sagesse enseignée par les philosophes grecs et modernes, reconnus par tous comme les pères de la pensée moderne et contemporaine.

Et en effet, Annie Besant affirme que « …. il y a un enseignement primitif sous la garde d’une Fraternité des Grands Maîtres Spirituels…. (qui) ont agi comme des instructeurs et des guides de l’humanité enfantine sur notre planète…. qui ont ensuite transmis les vérités fondamentales de la religion à ses races et à ses peuples sous la forme la mieux adaptée à la mentalité de ceux qui devaient les recevoir… ».

Dans le texte, on lit encore que les Livres Sacrés de tous les âges, de toutes les races et de toutes les nations contiennent « … autour de Dieu, de l’homme et de l’univers, des enseignements identiques quant au fond, même s’ils sont très variés dans leurs formes extérieures... »

Il semble donc qu’il existe un corps central de doctrine et de connaissance (Téosophie ou Sagesse Ancienne) à partir duquel il est possible de puiser l’information nécessaire à chaque époque pour guider les hommes de cette époque vers la Lumière de la Vérité.

Cette communauté de sources trouve une des preuves irréfutables dans les points de contact entre les principes et les doctrines des écoles pythagoriciennes, platoniciennes et néoplatoniciennes avec la pensée indienne et bouddhiste ainsi que dans l’unité morale de l’enseignement contenu dans toutes les religions, jusqu’aux racines du christianisme actuel et de ses sources.

Dans l’approche doctrinale la plus typique de la théosophie d’Annie Besant se détache la foi en la réincarnation. L’homme est considéré comme une créature divine (à « l’image et à la ressemblance du Père ») qui fait évoluer sa conscience-sensibilisation-intelligence (l’aspect de l’Âme, pour rappeler un concept commun à toutes les religions) à travers de multiples cycles réalisés dans le temps.

En eux et à travers eux, l’homme recueille les expériences nécessaires pour manifester le Fils de Dieu (le Christ individuel), en ce sens que chaque période (ou cycle) de la vie l’élèvera toujours plus haut dans la pureté, la dévotion, l’intellect, la force utile pour lui-même et pour ses autres frères et sœurs.

Selon cette doctrine, le Penseur (l’Homme) devient ainsi quand il a développé la capacité de Raisonnement Abstrait, rendue possible par l’évolution du pouvoir de discernement du réel. C’est l’exemple de l’artiste et du génie.

D’autre part, le processus des réincarnations infinies (et l’acceptation conséquente de l’expérience, base du développement de la typicité humaine) explique les nombreuses différences dans les talents et les qualités des hommes, si dissemblables parmi les individus ayant les mêmes opportunités et vivant dans des contextes environnementaux identiques.

Mais un aspect central de la doctrine élaborée par l’auteur dans l’œuvre en question est celui du Sacrifice de Soi, au moyen duquel le Logos émane de l’Univers connu, d’où la preuve de l’unique source de toutes les grandes religions, qui placent au centre de leur enseignement la loi du sacrifice (le don de la gratuité) comme signe de la présence de l’Esprit, qui s’oppose à celle du matériel qui veut « recevoir ».

Le sacrifice ne signifie pas nécessairement la souffrance mais la disponibilité et l’aide aux autres (charité-compassion), la joie de donner.

Et en effet, cet enseignement est un aspect central du christianisme mais aussi des principales religions orientales. Dans son propre chemin (spirituel et matériel) l’homme a une œuvre à accomplir, mentale et morale (le « Chemin probatoire »), à travers laquelle il parvient au résultat final de l’apparition du Fils de Dieu.

Il est également intéressant d’observer une représentation, pour ainsi dire, de la nature intérieure de la constitution de l’humanité, se référant substantiellement à trois énergies principales, émises continuellement par chaque individu :

  • les énergies mentales,
  • le désir (émotions) et
  • les énergies physiques.

Ces forces influencent l’environnement dans lequel nous vivons, en ce sens que chacun de nous contribue à sa construction par ses propres pensées, ses désirs et ses actions conséquentes, ce qui peut paraître plus que logique.

Mais la nouveauté de l’approche par rapport à la psychologie dominante et contemporaine est que les pensées comme les émotions des individus influencent l’environnement même si elles ne se concrétisent pas dans des actes : « … il n’y a pas de crime plus grand que la haine… » ou « … à chacun son propre salaire… ».

En y regardant de plus près, la lecture de l’œuvre d’Annie Besant peut prendre la forme d’une introspection personnelle utile qui devient avantageuse et féconde si elle se transforme en chemin spirituel, vers le renouveau d’une foi déjà présente dans l’homme et à la recherche de nouvelles sources et de confirmation souvent faites de choses déjà perçues mais qui n’ont pas encore pris une « forme » dans leur propre imaginaire spirituel et dans le bagage de la sensibilité intérieure consciente.

Ce qui est certain, c’est que personne ne peut accepter en soi et dans les recoins de sa personnalité ce qui n’est pas vraiment compréhensible et communicable, ou ce qui n’éveille pas l’émotion sensible et la certitude intérieure, tout comme l’intuition de l’artiste qui lui fait prendre conscience des traits et des formes que son œuvre devra prendre.